Parasitisme Intégrer des plantes à tanins dans les prairies pour lutter contre les strongles
Si une bonne gestion du pâturage permet de limiter les contaminations de parasites chez les bovins, la consommation de plantes à tanins peut en plus réduire l'activité de ces parasites. L'intégration de ces espèces intervient dans le cadre d'une stratégie globale de prévention.
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Plusieurs leviers peuvent être actionnés dans la lutte contre les parasites : une bonne gestion du pâturage en premier lieu, les traitements, la génétique (en sélectionnant les animaux les plus résistants ou les plus résilients), et l'intégration de plantes à tanins.
Les tanins, quésaco ?
En plus de leurs fonctions primaires de croissance et de développement, les plantes disposent d'un métabolisme secondaire : elles produisent les molécules leur permettant d'interagir avec leur environnement (pour lutter contre les prédateurs et pathogènes). Les tanins en font partie. « Ce sont des composés antinutritionnels, explique Pauline Woehrlé spécialiste de la bio pour Eilyps. S'ils modifient la digestibilité des nutriments chez les bovins, les tanins ont aussi la capacité d'inhiber le cycle de vie des parasites, notamment des strongles. »
Chez les ruminants, les tanins agissent de deux manières :
- ils améliorent la digestibilité des protéines de la plante,
- et se lient avec d'autres molécules comme les protéines de la muqueuse intestinale (ce qui la renforce), et les protéines qui composent les œufs des parasites.
« Les tanins réduisent le développement et la croissance des larves (car certaines meurent), et inhibent l'éclosion des œufs. De cette manière, ils limitent la contamination de l'environnement car, pour rappel, le cycle de vie des strongles consiste à rejeter les œufs dans les bouses. Ces œufs éclosent pour former des larves qui se développent au sol avant d'être ré-ingérées », explique l'experte.
Semer des plantes à tanins dans les prairies
Le sainfoin est LA plante à tanins par excellence. Le problème : ce n'est pas une espèce pérenne notamment en région Bretagne car elle n'aime pas les sols acides. Derrière elle, le lotier corniculé. Viennent ensuite le trèfle violet, la chicorée et le plantain.
« Ces espèces sont généralement semées en association. Certains éleveurs y dédient aussi des parcelles, en semant par exemple de la chicorée et du plantain en pur pour en faire des paddocks de nuit. »
Espèce | Teneur en tanins concentré (en g/kg de MS) |
Sainfoin | 14-88 |
Lotier corniculé | 15-48 |
Trèfle violet | 3 |
Chicorée ou plantain | 1,4-3,1 |
Ray-grass anglais | 1,8 |
Luzerne | 0-0.5 |
« Il est difficile d'évaluer la teneur précise en tanins d'une plante car beaucoup de critères entrent en compte dans leur fabrication : la génétique de la plante, le climat, la fertilisation, les conditions pédoclimatiques, le microbiote du sol, etc. Il est possible que la plante soit présente et produisent beaucoup de métabolites secondaires, ou très peu (voire pas du tout) selon ses conditions de vie. »
Pauline poursuit : « D'ailleurs pour un effet antiparasitaire, la bibliographie scientifique avance une ingestion de 20 à 40 g de tanins/kg MSI pour que ce soit efficace, ce qui est beaucoup ! C'est pour cette raison qu'il ne faut pas compter uniquement sur les tanins pour faire face aux parasites, c'est une solution supplémentaire, en complément de la stratégie de lutte globale. »
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